Il était une fois, une petite fille qui avait des cheveux si bouclés, et des cheveux si blonds qu'on avait coutume de l'appeler Boucles d'Or.
… D'accord, en fait c'est surtout parce que Papa et Maman n'avait pas été fichus de trouver un prénom à ma naissance, et qu'après avoir vu que les trois petits cheveux sur ma tête de nourrisson étaient jaunes, ils se sont dit : « Hé, on n'a qu'à l'appeler Boucles d'Or ! ». Mais vous savez, je ne m'en plains pas. Ce n'était pas très courant, comme nom, mais ça ne m'a jamais vraiment dérangée. Même quand j'allais à l'école du village, les gens ne se moquaient pas. Enfin presque pas. Certains trouvaient même ça plutôt mignon. C'est mignon, Boucles d'Or ?
Enfin, ce n'est pas de ça que je voulais parler. De quoi je voulais parler, déjà ? Mon Dieu, je ne suis même pas capable de tenir un discours normalement. Que dirait Maman ? Ah, vous dirai-je Maman, ce qui... Bon, il faut que je me concentre. Je disais donc que j'habitais avec Papa et Maman dans une petite maison près de la forêt. J'aimais bien la forêt. Je passais mon temps à m'y promener pour y cueillir des fleurs. Vous savez, pour faire des bouquets et les mettre dans un vase. Si vous voulez un conseil, mettez des vases un peu partout dans votre maison. Ça décore les pièces et... bon. Et donc un jour, je voulais aller me balader en forêt pour cueillir des fleurs. Je devais avoir neuf ou dix ans. Papa m'avait avertie de ne pas trop m'éloigner, parce que je risquai de rencontrer des bêtes sauvages. Mais moi je m'en fichais, je n'avais pas peur des bêtes sauvages, parce que je me disais que j'avais déjà rencontré des lapins une fois, et qu'ils avaient été gentils avec moi.
Alors j'ai un petit peu désobéi. Peut-être un petit peu plus qu'un petit peu. Pas de quoi en faire un drame, hein ! Mais je m'étais un peu perdue, du coup. Je n'aime pas me perdre, je trouve ça trop angoissant. Je me dis qu'il se pourrait que je ne revoie plus jamais ma maison, et ça me donne envie de pleurer. Enfin, heureusement, j'ai finalement trouvé une maison. Ce n'était pas la mienne, mais c'était mieux que rien. Je me suis dit que j'allais frapper à la porte et demander mon chemin. Ça me paraissait plutôt raisonnable, alors je l'ai fait. J'ai frappé à la porte, mais personne n'a répondu. Je me suis dit qu'il n'y avait personne, et comme je voulais quand même vérifier, j'ai tourné la poignée, persuadée que ce serait fermé à clef. Mais la porte s'est ouverte.
J'aurais dû partir à ce moment-là, parce que je savais que c'était mal de rentrer sans autorisation chez les gens, mais je n'avais pas pu résister. Ça sentait tellement bon à l'intérieur ! On aurait dit l'odeur du porridge que faisait Maman parfois. J'adore son porridge, et de toute façon, j'adore tout ce qu'elle fait. C'est vrai, ça. Un jour, elle a cuisiné des cookies au... Bref, soyons sérieux. Alors je me suis dit que j'allais juste jeter un oeil au porridge, avant de repartir. Je suis allée dans la cuisine, et j'ai vu trois bols : un grand, un moyen et un petit. Puis je me suis demandée si le porridge était aussi bon que celui de Maman, alors pour vérifier, j'ai goûté un peu dans le grand bol, mais c'était bien trop chaud. J'ai goûté dans le moyen bol, mais c'était bien trop froid. Alors j'ai goûté dans le petit bol, et c'était parfait. Alors je l'ai fini.
J'ai remis le bol comme il était avant et suis revenue à l'entrée. Mais je me suis rendue compte que j'étais trop fatiguée, et je n'avais pas le courage de marcher dans la forêt. Alors j'ai pensé que je pouvais m'assoir sur les chaises du salon, pour me reposer un peu. Simplement quelques minutes, puis je m'en irais pour de bon. Après tout, il n'y avait pas de quoi se presser, ce n'était pas comme si j'avais un train à prendre ou je ne sais quoi. De toute façon, il n'y avait pas encore de train, ici. Dans le salon, il y avait trois chaises : une grande, une moyenne et une petite. J'ai voulu m'asseoir sur la grande, mais elle était trop haute. J'ai voulu m'asseoir sur la moyenne, mais elle était bancale. Alors je me suis assise sur la petite, qui me semblait juste comme il faut. Mais je l'ai cassée. Ce n'était pas très solide, ces chaises-là.
Du coup, j'étais toujours autant fatiguée. Il fallait que je trouve autre chose pour me reposer. Alors je suis montée à l'étage, et suis rentrée dans une chambre, qui contenait trois lits : un grand, un moyen, et un petit. Je me suis jetée sur le grand lit, mais il était si dur que j'en eu mal. Je me suis jetée sur le moyen, mais il était si mou que je crus m'enfoncer dedans. Alors je me suis jetée sur le petit, et il était si confortable que je m'y suis endormie.
Des voix m'ont sortie de mes rêves. J'en avais compté trois. Une grosse, une douce et une enfantine. J'ai ouvert les yeux. Trois têtes me regardaient, penchées au-dessus de moi. J'ai hurlé, ils ont hurlé, tout le monde a hurlé. Ils n'avaient pas vraiment l'air méchant, pourtant. Un père, une mère et leur fils. Ils avaient simplement l'air de sauvages, dans leurs vêtements en peaux de bêtes et leur ressemblance avec les ours. Mais j'étais terrorrisée, parce que, vous comprenez, j'étais encore tellement petite. Je savais que je n'avais pas le droit d'être ici, et je ne voulais pas qu'on me dispute. Alors j'ai pris mes jambes à mon cou (j'aime bien cette expression, pas vous ?) et suis sortie de la maison à toute vitesse.
Je me suis retrouvée en plein coeur de la forêt, de nouveau totalement perdue. J'ai pleuré quelques temps, puis j'ai décidé d'arrêter de pleurnicher et rechercher mon chemin. J'ai croisé quelques personnes sur ma route, à qui j'ai pu demander conseil, mais aucune ne m'a vraiment aidée. Jusqu'à ce que je croise une famille d'ours. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais ils me rappelaient les propriétaires de la maison dans laquelle j'étais rentrée un peu plus tôt. Comme par hasard, ils étaient trois. Un petit, un moyen, un grand. J'avais un peu peur au début, parce que bon, c'était des ours, et je ne connaissais pas bien les ours. J'avais déjà fait ami-ami avec des lapins, mais avec des ours c'était une première. Une fois j'avais vu un castor aussi. Mais bon, il était loin, et occupé sur son barrage, alors je n'ai pas voulu le déranger. Mais pourquoi je vous parle de castor, moi ? Revenons à nos moutons. Enfin, à nos ours. Si je commence à mélanger tous les animaux comme ça, je ne vais pas m'en sortir.
Finalement, mes ours n'étaient pas bien méchants, et j'ai fini par sympathiser avec eux. Enfin, autant qu'on puisse sympathiser avec un animal. Comme la nuit commençait à tomber, et que je n'avais toujours pas retrouvé ma maison, je dormis à la belle étoile, près d'eux. Le matin, je me réveillai au moment-même où je les voyais s'éloigner. Comme je ne voulais pas rester seule, et que surtout je voulais savoir où ils allaient, je les ai rejoint et les ai suivis pendant de longues heures. Vous imaginez, j'étais très jeune, j'étais complètement fatiguée, je n'en pouvais plus, j'avais les jambes en cotton et j'avais tellement faim, mais je ne voulais surtout pas perdre mes ours de vue. Et puis j'ai reconnu le chemin. Ma maison n'était plus qu'à trois pas. Je quittai donc mes compagnons et courus retrouver ma famille.
Belle histoire, non ? Mais elle n'est pas finie, partez pas ! Tout ce que je vous ai raconté jusque là n'était que l'annecdote la plus marquante de la vie de Boucles d'Or. Je vais simplement conclure en disant que j'ai vécu heureuse et bien entourée dans ma petite maison jusqu'à l'âge de seize ans. Et ils vécurent heureux et eurent plein d'enfants. Enfin, bon, je me suis trompée de conte, là. Bon. En tout cas, il s'est passé un jour quelque chose de très bizarre. Il y a eut une espèce de flash et puis paf!, je me suis appelée Silver.
Silver Straight, 16 ans depuis toujours, native de Storybrooke. Pendant un long moment, c'est ce que j'ai toujours cru que j'étais. C'est vraiment bizarre, en y repensant. Et puis, le temps ne défilait pas. Tous les jours, je me réveillais, j'embrassais mes parents, j'allais au lycée, je discutais, j'apprenais, je revenais, je travaillais, je matais des films, je dormais, je me réveillais, j'embrassais mes parents, j'allais... Bref, vous avez compris. Une boucle infinie. Vous savez, comme le symbole de l'infini, là, le 8 couché. Quand vous suivez le parcours avec votre stylo, ça ne s'arrête plus. Je m'amuse à faire ça pour passer le temps en cours d'histoire. Parce que ça me soule, l'histoire. J'ai une prof vraiment... Mais, je divague encore. Je disais donc que je n'avais absolument aucun souvenir de ma vie d'avant. Si on m'avait dit « Boucles d'Or », j'aurais simplement répondu « Drôle de nom ». Je rêvais souvent d'ours, par contre. Mais ça s'arrêtait là.
Mais aujourd'hui, yeah, la malédiction est rompue, et je me souviens de tout ! Je pourrais tout vous racontez dans les moindres détails. Enfin, d'ailleurs, c'est ce que je suis en train de faire. Mais c'est aussi ce que je vais arrêter de faire, parce que c'est bien beau tout ça, mais je n'ai plus rien à dire. Enfin je pourrais vous raconter la fois où je me suis mis de la barbapapa dans mes cheveux sans faire exprès un jour, mais bon, ça n'aurait aucun intérêt, et puis surtout, je perdrais ma crédibilité.
Tchao mes poules, ravie d'avoir pu partager ma vie avec vous. C'était Silver sur Silver Radio (le temps que je trouve un nom plus cool, ça fera l'affaire), au plaisir de vous revoir ! | |